Les Hittites
Origines
Selon l'Ancien Testament, qui les appelle indifféremment "Hittim", "Héthéens" ou "Hittites", c'est à dire fils de Heth, les Hittites auraient habité les hauteurs de Canaan au temps d'Abraham et au moment de la conquête israélite. Pris dans son sens large, le mot Hittite couvre trois peuples parlant des langues indo-européennes très proches l'une de l'autre que la littérature hittite de l'époque classique appelle luwite, palaïte et nésite. Les Luwites ont probablement fait irruption en Anatolie vers 2300 venant de l'Ouest ; les deux autres peuples sont arrivés deux ou trois siècles plus tard, venant sans doute de l'Est par le Caucase. Les Palaïtes, dont nous ne savons presque rien, se fixent en Anatolie orientale, dans la région de Sivas, tandis que les Nésites s'installent en Cappadoce. On pense que Nesha est le nom qu'ils donnaient à Kanesh.Royaume du Hatti
Les Mésopotamiens appelaient Hatti les territoires situés dans la boucle du Kizilirmark en l'Anatolie centrale. Cette région vit se développer une civilisation méconnue qui disparut avec l'arrivée des Hittites vers 1800 av. J.-C. Les habitants du Hatti parlaient une langue non indo-européenne. De cette civilisation, les archéologues ont retrouvé quelques oeuvres d'art venant des tombes d'Alaca Huyuk, au cœur de l'Anatolie. Il s'agit d'objets en bronze, en or, en argent et en électrum représentant des cerfs et des taureaux, symbolisant respectivement la déesse Vourusemou et le dieu de l'orage. On y a aussi retrouvé de nombreux emblèmes en forme de disque solaire. Plus tard, lorsqu'ils auront conquis le Hatti, les souverains Hittites prendront le titre de roi du Hatti et c'est sous ce nom que les Mésopotamiens désigneront ce royaume et ses habitants. Il semble que l'arrivée des Hittites se soit effectuée par des infiltrations progressives, plutôt que par invasion. C'est à Kültepe que l'on a découvert les premières traces d'une présence hittite.Les Hittites dans l'Histoire
La position centrale du territoire hittite l'exposait en permanence aux visées de voisins turbulents : l'Arzawa à l'Ouest, les tribus Gasgas au Nord, l'Azzi-Hayasa à l'Est, les royaumes du Mitanni et les colonies égyptiennes au Sud. Au regard de l' Histoire, les Hittites resteront comme l'une des plus grandes puissances du IIè millénaire, au Proche-Orient, avec les Assyriens et les Egyptiens. Aux environs de 1200 av. J.-C., la civilisation hittite disparaît brutalement pour des raisons peu précises.Hittites
Les Hittites furent un peuple habitant l'Asie Mineure durant l'Antiquité, rattachés aux Indo-européens. Ils envahirent l'Asie Mineure centrale vers -2500. Ils y soumirent le peuple autochtone, les Hattis à qui ils empruntèrent différents dieux, mythes et rites.Histoire
L'histoire de ce peuple peut se diviser en plusieurs phases:Genèse du peuple hittite et migration en Anatolie
Les Hittites, et les peuples indo-européens apparentés, ne sont pas originaire d'Asie Mineure. Il semble que le peuple autochtone soit les Hattis: civilisation urbaine très évoluée dont de nombreux vestiges subsistent (Hacilar, Çatal Hüyük ou Alisar).Les Hittites viendraient d'Europe. Leur genèse est encore très floue, mais l'hypothèse communément admise est la suivante.Au Néolithique (VIIe millénaire), une civilisation florissante se développe dans les Balkans et le bassin du Danube. Cette civilisation, dont la continuité ne fait guère de doutes, se développe jusqu'au IVe millénaire. Très raffinée, elle semble même avoir créé une sorte d'écriture picturale, probablement un syllabaire. Parallèlement, au Ve millénaire, un peuple plus fruste parlant très probablement une langue proche de l'indo-européen originel s'épanouit dans les plaines entre le Dniepr et la Volga. Cette civilisation est principalement caractérisée par les tombes de ses élites: des fosses recouvertes de petits tumulus, appelées en russe Kourgan. Elles ont donné leur nom à cette civilisation: la culture des Kourganes. Parfois, un peu improprement car une culture n'est pas un peuple, on les a appelé peuple des Kourgans ou les Kourgans.Certains membres de la culture des kourganes vont migrer, en trois vagues entre le Ve et le IIIe milénaire, vers la civilisation danubienne et la détruire. De nombreux peuples, par assimilation réciproque, vont en résulter.On ne sait pas si les Hittites sont issus de la première vague des Kourganes (4400-4200 avant Jésus-Christ) qui auraient, après avoir atteint les Balkans, été forcés à migrer vers l'Anatolie sous la pression de la deuxième vague de migrations ou s'ils sont issus de cette deuxième migration (3400-3200 avant Jésus-Christ) mais ce n'est qu'à la fin du IIIe millénaire que l'archéologie atteste de mouvements de population des Balkans vers l'Anatolie. Des populations de langue louvite semblent s'installer vers 2300-2200 av Jésus-Christ: de nombreuses cités d'Asie Mineure, dont Troie, sont ravagées. Une seconde vague vers 2000-1900 semble s'être installée plus calmement, ce sont les populations parlant le hittite-nésite, essentiellement dans la boucle du fleuve Halys.Les Hittites sont alors sur le territoire des Hattis et une symbiose culturelle des deux civilisations a lieu. Le dialecte hittite de la ville de Nesa (ou Kanesh) s'impose dans la vie quotidienne, alors que la langue hattie devient la langue liturgique.Cette symbiose s'est effectuée peu à peu : en effet entre l'arrivée des indo-européens et la constatation de la fusion des deux civilisations lors de l'établissement des Assyriens, il se passe deux à trois siècles.Il convient de noter que cette thèse concernant l'orgine des Hittites, bien que la plus commune ne fait pas l'unanimité. Ainsi certains hittitologues estiment que les Hittites sont entrés en Anatolie par l'est d'autres, tel Collin Renfrew, estiment même que ce peuple est autochtone à l'Asie Mineure et est un descendant des cultures de Çatal Hüyük et des premiers cultivateurs de la région.L'époque des comptoirs assyriens (XXe - XVIIIe siècle avant Jésus-Christ)
Au début du IIe millénaire, les Assyriens installent une vingtaine de comptoirs en Anatolie. Contrairement à l'arrivée des Hittites, les Assyriens sont en petit nombre et chaque comptoir consiste en une colonie assyrienne séparée de la population locale.Chacune de ces colonies, appelées karum conserve l'organisation assyrienne traditionnelle et demeure sous l'autorité du karum de Kanesh, lui-même contrôlé par la métropole. Les Assyriens, comme l'attestent les nombreuses tablettes cunéiformes retrouvées, contrôlaient toute l'économie de l'Asie mineure, en particulier le commerce du cuivre.Le pouvoir politique par contre était au main des princes Hittites qui règnaient sur la multitude de principautés dont été composée l'Anatolie.Mais au début du XVIIIe siècle, les bouleversements du Proche-Orient entraînent la ruine, parfois violente, de ces colonies. Cela permet un premier mouvement d'unification de la région au XVIIIe siècle: le prince de Kussar, Pithana, s'empare de Nesa, l'ancien centre économique, et s'y établit. Son fils Anitta poursuit son œuvre et unifie une partie de l'Anatolie. Dans sa Proclamation d'Anitta, il prend le titre de Grand Roi qui sera utilisé par de nombreux souverains du Moyen-Orient durant les deux millénaires suivants.Anitta fut le seul roi de sa dynastie : après lui, l'Anatolie traverse une période obscure de guerres et de famines qui dure une centaine d'années. L'usage de l'écriture disparaît presque totalement.L'ancien royaume (vers -1650 - 1465 av J.-C)
Labarna Ier, fut le premier véritable roi des Hittites. Il n'y a guère de documents ou de vestige de son règne et, mis à part l'Edit de Telibinu, peu de documents en font mention. Certains historiens avancent qu'il pourrait s'agir d'un roi légendaire. Tous les rois qui lui succédèrent sur le trône hittite utilisèrent le titre de Labarna, selon une méthode similaire à celles des empereurs romains qui utilisèrent les titres de César et Auguste à la suite de Jules César. De même, probablement pour marquer la continuité avec l'ephémère dynastie d'Anitta, Labarna Ier, et tous ses successeurs jusqu'à la chute de l'empire, prend les titres de Grand Roi et celui d'homme de Kussar, ville d'origine de Pithana, père du premier roi Anitta.Son successeur fut Hattusili Ier, également appelé Labarna II. Ses liens de parenté avec son prédécesseur sont peu clairs: certains pensent que ce fut son petit-fils, son neveu ou encore son fils adoptif. Roi conquérant, son nom indique qu'il avait établit la capitale à Hattusa. Avec lui, le royaume hittite s'étendit au nord jusqu'à la mer Noire (Zalpa), au sud jusqu'à l'Arzawa et à l'est jusqu'à l'Euphrate. Il est le premier roi hittite à franchir les monts Taurus séparant l'Anatolie de la Syrie actuelle. Il y détruit Alahah, vassale du royaume de Yamkhad dont la capitale était Alep.Mursili Ier succéde à son grand-père à la tête du royaume hittite. Comme son aïeul ce fut un grand guerrier. Il abat la puissance du Yamkhad dont il détruit la capitale Alep, puis, en -1594 mene un raid sur Babylone qu'il prend, entraînant la chute de la dynastie fondée par Hammourabi.Mais à guerroyer loin de sa capitale, le royaume hittite se fragilise et lorsque Hantili Ier, beau-frère de Mursili, lui succéde après l'avoir assassiné, c'est le début d'une longue période trouble. Lors de la révolte de Karkemish, les Hourrites de l'Euphrate se soulevèrent et vainquirent le souverain. Les Gasgas firent leurs premières incursion dans les provinces du Nord. Son successeur, Zidanta Ier, est surtout connu pour son manque de scrupules: pour accéder au trône, il n'hésita pas à assassiner le fils et le petit-fils de Hantili. Lui-même sera assassiné par Ammuna, son propre fils qui lui succédera.Sous son règne la situation empire et le royaume hittite perd plusieurs provinces dont l'Arzawa et l'Adana. À sa mort, après l'assassinat de ses héritiers légitime, c'est Huzziya Ier, très probablement un de ses descendants illégitimes qui lui succéde, mais il est rapidement renversé par Telibinu, beau-fils d'Ammuna qui exila Huzziya et ses frères. Telibinu, principalement connu pour l'Edit de Telibinu établissant une loi successorale qui reste en vigueur jusqu'à la fin de l'Empire, réussit également à consolider le royaume hittite par différentes actions militaires et par un traité avec le roi du Kizzuwatna.Les successeurs de Telibinu sont encore mal connus: seuls leurs noms et leur ordre de succession nous est connu: Alluwana, Hantili II, fils du précédent, Tarhurwaili, Zidanta II, Huzziya II et Muwatalli Ier. Néanmoins cette période correspond à une période d'affaiblissement de l'État hittite, et cela suite à l'apparitions de deux nouvelles menaces extérieures:les Gasgas, qui avaient fait leurs premières apparitions sous le règne de Hantili Ier, deviennent plus menaçant, ils forcent Hantili II à renforcer les défenses de la capitale et des villes proche des frontières du royaume.les Hourrites qui s'unifient et forment le royaume du Mitanni dont la puissance augmente rapidement. Cet État annexe ou vassalise alors les royaumes d'Alep, d'Alahah et du Kizzuwatna.Le moyen royaume (-1465 - 1353 av. J.-C.)
Vers -1465, la dynastie fondée par Labarna est renversée. C'est la conséquence des troubles des règnes précédents et le nouveau roi, Tudhalya Ier, possède des ascendances hourrites et kizzuwatnienne. Profitant des actions du pharaon Thoutmôsis III contre le Mitanni, qui vainc une coalition mitanno-canaanéenne à la Bataille de Megiddo, il remporte différentes victoires contre les Hourrites ce qui lui permit de replacer le Kizzuwatna sous la domination d'Hattusa et de détruire Alep. Outre l'ère de bonnes relations avec l'Égypte qu'inaugure la nouvelle dynastie, Tudhalya renouvèle profondément les élites du pays: dès son règne, aux côtés de l'aristocratie traditionnelle, de nombreux personnages portant des noms d'origine hourrite occupèrent des postes importants.Hattusili IITudhaliya IIArnuwanda IerTudhaliya IIILe nouveau royaume ou empire(-1353 - 1190 av. J.-C.)
Après l'assassinat de l'héritier du trône, le jeune et énergique prince Suppiluliuma Ier réforme complètement le royaume hittite. C'est la véritable création de l'Empire hittite.Suppiluliuma rétablit également le royaume dans son rôle de pièce majeure de l'échiquier du Proche-Orient. Il lutte contre le Mitanni dont il réduit la puissance, puis il lance une campagne contre le Kizzuwatna qu'il annexe.Le renouveau de la puissance hittite bouleverse l'équilibre du Proche-Orient : les Hittites et les Égyptiens y exerçaient une lutte d'influence afin de contrôler le couloir commercial passant entre la Syrie et la Palestine. Or les pharaons égyptiens ne réagissent que mollement aux conquêtes Hittites qui annexent ou vassalisent les états alliés du Mitanni, lui-même allié de l'Égypte : Alalah, Nuhasse et même Qadesh, clé de la vallée de l'Oronte sont contrôlées par Suppiluliuma sous le règne d'Akhenaton ; les royaumes d'Amurru, d'Aziru et d'Ougarit deviennent des vassaux pendant le règne de Toutânkhamon. Finalement, les derniers alliés du Mitanni cèdent et Karkemish, contrôlant le passage de l'Euphrate, est intégrée à l'empire.Rompant avec la tradition, Suppiluliuma consolide ses conquêtes en passant des traités avec ses vassaux, qu'il choisit avec soin : ainsi il nomme ses deux fils rois d'Alep et de Karkemish. Cette ville, l'une des plus anciennes du Proche-Orient, devient la deuxième ville de l'empire. C'est là que demeure le vice-roi, contrôlant de cette cité les différents royaumes syriens tous devenus progressivement les vassaux de l'empire hittite. Suppiluliuma renforce sa position en mariant ses filles aux différents rois syriens.Alors que les troupes égyptiennes sont repoussées à Qadesh, le pharaon Toutânkhamon meurt subitement sans d'héritier. Son épouse Ankhesenamon, convainc Suppiluliuma de lui envoyer un de ses fils pour un remariage. Suppiluliuma envoie finalement le prince Zannanzach qui est assassiné avant d'atteindre l'Égypte. Cet événement est l'un des facteurs déclenchant des guerres qui opposèrent les deux puissances pendant plusieurs générations.Suppiluliuma meurt précocement d'une peste, dont la propagation avait été favorisée par les nombreuses déportations de son règne. Son successeur, Arnuwanda II disparaît également peu après, de la même maladie. Mais l'œuvre de Suppiluliuma lui survit : les rois d'Alep et de Karkemish, ses fils, ainsi que le roi du Mitanni, son beau-fils, sont liés par des liens très forts à la dynastie: ils resteront fidèles aux rois Hittites jusqu'à la chute de l'empire.Ainsi, un fils cadet de Suppiluliuma monte sur le trône: Mursili II. La situation est difficile: non seulement la peste ravage le pays, mais Mursili doit tout d'abord mater la rebellion de certains vassaux. Le roi abandonne quelque temps la capitale Hattusa. Il conquiert l'Arsawa et détruit le royaume d'Azzi. Ougarit et l'Amourrou se voient contraints de renouveler leurs traités de vassalité. Finalement, la lutte contre les Gasgas est également nécessaire : il libére les provinces du nord et renforce la frontière sur les montagnes surplombant la mer Noire.Son fils Muwatalli II lui succède sur le trône. Comme pour ses prédécesseurs, son règne est rythmé par les guerres. Muwatilli vainc tout d'abord le royaume de Wilusa, au nord-ouest de l'empire, qui devient son vassal. Puis il doit faire face aux Gasgas qui franchissent la frontière, pillant et détruisant les cités Hittites. La capitale Hattusa est détruite et le roi et sa cour se réfugient à Tarhuntassa, une ville du sud. Pour rétablir son autorité sur le nord du pays, il nomme son frère Hattusili administrateur des provinces du nord. En même temps, la menace assyrienne se précise: le Mitanni est vaincu et devient vassal de l'empire mésopotamien.Pendant qu'Hattusili pacifie le nord et que le roi assyrien Adad-Nirari devient le suzerain du Mitanni, le roi Muwatalli se concentre sur la Syrie voisine. Le conflit avec l'Égypte ne tarde pas à reprendre: ses pharaons Séthi Ier, puis Ramses II désirent récupérer les possessions syriennes perdues sous Akhenaton et Toutankhamon, en particulier le royaume de l'Amourrou et la clé de la route commerciale reliant la Méditerranée et la Mésopotamie, la citadelle de Qadesh, à la frontière entre les zones d'influence des deux empires. Ramsès remporte dans un premier temps une victoire diplomatique en ralliant le souverain d'Amourrou à sa cause. La guerre atteindra son paroxysme lors de la deuxième bataille de Qadesh, véritable match nul qui rétablira le statu quo en replaçant le royaume d'Amourrou sous la suzeraineté hittite. Ce fut la fin du conflit entre les empires Hittites et égyptiens : tout deux seront désormais accaparés par la menace assyrienne.Muwatalli II meurt en -1270 av. J.-C. et son fils illégitime, Mursili III, lui succède sous la régence de son oncle Hattusili. Celui-ci se rebelle bientôt et exile Mursili qui se réfugie sur l'île de Chypre. Hattusili III monte sur le trône et signe un traité de paix avec l'Égypte (voir la rubrique Droit). Ayant reconquis les territoires occupés par les Gasgas et vaincus une rebellion des Louvites qui ne reconnaissaient pas son usurpation, le règne de Hattusili III est un règne un peu plus pacifique, ayant stabilisé la situation en Syrie par la paix avec l'Égypte et une alliance avec Babylone lui permettant de surveiller la menace assyrienne. Mais cette menace grandit: le Mitanni fut brisé par les Assyriens en -1260 av. J.-C.Le successeur de Hattusili III est, conformément à la loi successorale, son fils, Tudhaliya IV. Celui-ci lutte d'abord pour maintenir l'unité de l'empire, contre les royaumes d'Ahhiyawa et d'Arzawa. Pendant ce conflit, il assure ses arrières en signant la paix avec l'Assyrie en contrepartie de la reconnaissance de ses conquêtes. Mais bientôt l'Assyrie repasse à l'offensive et attaque la rive ouest de l'Euphrate, en mains Hittites. Tudhaliya réagit, mais sa contre-attaque aboutit à un échec à la bataille de Nihiriya en -1230 av. J.-C.Tudhaliya s'emploie alors à imposer un blocus maritime à l'Assyrie. À l'aide du roi de Karkemish, il convainc les royaumes syriens, en particulier l'Amourrou, de respecter le blocus. Ceux-ci refusent les bateaux de l'Ahhiyawa. Tudhalia débarque également au royaume d'Alasiya, l'actuelle Chypre, qui lui verse un tribut en cuivre. Le blocus s'avère payant : l'Assyrie signe un traité de paix et restitue les territoires glânés au détriment du royaume de Karkemish.Mais Tudhaliya n'a pas seulement marqué l'histoire hittite par ses faits guerriers : véritable réformateur religieux, il réorganisa le culte, modifia les fêtes et agrandit le sanctuaire de Yazilikaya.Si la paix est maintenue sous les successeurs de Tudhaliya, Arnuwanda II puis son frère Suppiluliuma III, l'empire hittite, miné par de longues famines ayant entraîné de nombreux mouvements de population qui ont complètement déstabilisé l'État va encore s'affaiblir sous les coups des Peuples de la Mer qui ravagent toute la région. L'Empire hittite y survit, contrairement aux royaumes achéens et à Mycène, mais en 1190 av. J.-C. l'Empire s'effondre sous les coups des Gasgas. Hattusa et les principales villes Hittites sont détruites et ne se relèveront jamais.Les royaumes néo-hittites (-1100 - 700 av. J.-C.)
C'est à la même époque que les Phrygiens, autre peuple indo-européen, envahissent le plateau central d'Anatolie et y établissent leur royaume et leurs cités.La civilisation hittite survit à la chute de son centre. Dans le sud de l'Anatolie ainsi qu'en Syrie plusieurs royaumes de langue louvite sont fondés et Karkemish, où règnent des descendant de la dynastie de Suppiluliuma Ier, reprend le rôle de capitale culturelle du monde hittite abandonné par Hattusa.Un nombre important de petits royaumes voit alors le jour: en Cappadoce, une dizaine de princes s'allient dans la confédération du Tabal, alors qu'à l'est, le long de l'Euphrate, d'autres principautés apparaissent: le Milid, le Kummuhu, le Gurgum. Au sud, on trouve les États suivants: la Cilicie, les royaumes de Ya'diya et de Karkemish, Pattina, Arpad, le royaume d'Alep, la principauté de Til Barsid et enfin le royaume de Hama.Ces royaumes ne jouent certes aucun rôle politique majeur, mais ils prospèrent du XIIe siècle au IXe siècle avant Jésus-Christ. Ce n'est qu'entre -745 et -708 que les derniers disparaissent l'un après l'autre sous les coups des Assyriens. Le plus puissant d'entre eux, le royaume de Karkemish, disparaît en -717. C'est la fin de la civilisation hittite.Religion
À l'inverse des autres grandes civilisations orientales, les prêtres n'avaient pas une grande importance dans la vie religieuse hittite, car leur rôle était plutôt modeste.Panthéon
Profondément polythéiste, à tel point que les Hittites eux mêmes parlaient de leurs « mille dieux », leur religion fut caractérisée par trois phénomènes fondamentaux : tout d'abord elle est le résultat d'un syncrétisme entre la religion originelle de ce peuple et celle pratiquée par les Hattis autochtones; ensuite, il n'y a jamais eu de panthéon officiel, chaque région, chaque localité a eu son propre panthéon qui variait au gré des conquètes et des défections; finalement, les dieux adorés par les Hittites ont considérablement variés au cours des siècles, par l'assimilation des divinités des peuples voisins, parfois en les identifiant avec d'autres similaires du panthéon antérieur.Malgré l'absence de panthéon officiel, un effort d'identification des dieux eu lieu sous l'Empire: chaque cité conservait les noms de ses dieux propres, mais les dieux similaires de chaque cité étaient considérés comme unique, bien que portant des noms différents.Teshub, le dieu de l'orage
Au sommet de ce panthéon trônait le dieu de l'orage. Appelé Teshub en hourrite ou parfois Tarhunt, il est symbolisé par le taureau. Ce fut également, et surtout, le dieu de la guerre, plus particulièrement contre les étrangers.Telebinu, le dieu agricoleLangues
De nombreuses langues furent parlées dans l'histoire hittite. Peuple indo-européen, les Hittites parlaient le nésique (ou hittite-nésique), principal représentant de la branche des langues anatoliennes. Ce fut la langue officielle de l'empire.A côté d'elle on trouve principalement deux autres langues apparentées: le louvite provenant du sud anatolien (Royaume de Kizzuwatna) qui sera la langue principale des royaumes néo-hittites du Nord de la Syrie et le palaïte parlé au nord-ouest du Hatti. Des vestiges d'autres dialectes anatoliens ont été retrouvés dans toute la Turquie actuelle: le lydien sur la côte égéenne, le carien sur la côte sud-ouest, le pisidien et le sidétique sur la côte sud.La quasi-totalité de ces langues indo-européennes disparaîtront em même temps que l'empire. Le louvite survivra quelques siècles en Syrie et donnera naissance au lycien.Mais, à côté des langues indo-européennes parlées par les envahisseurs Hittites, nous trouvons dans l'Anatolie des Hittites d'autres types de langues. Tout d'abord, la langue autochtone le hatti, langue agglutinante qui devint après l'arrivée des Hittites une langue morte à laquelle le hittique-nésique a emprunté de nombreux mots, en particulier dans le domaine culturel et religieux car elle fut la langue liturgique tout au long du IIe millénaire.Parlée dans l'est du Kizzuwatna, sur l'Euphrate (en particulier le Mitanni) et dans les pays vassaux en Syrie, le hourrite, autre langue agglutinante sera de plus en plus utilisée par les Hittites, en particulier dans le domaine administratif et religieux: cela provient de la campagne de hourritisation entreprise par Suppiluliuma lors de sa profonde réforme au début de l'empire.Finalement l'akkadien, langue diplomatique de l'époque, est également attestée, plus particulièrement après le raid sur Babylone par Mursili Ier. Il s'agit néanmoins d'un usage dans la correspondance qui ne correspond probablement pas à une utilisation de la langue dans la vie courante.Écriture
Système d'écriture
Les Hittites n'avaient pas d'écriture lorsqu'ils arrivèrent en Anatolie. C'est naturellement qu'ils adoptèrent le système utilisé localement, l'écriture cunéiforme, qu'ils adaptèrent à leur langue. En effet, l'écriture cunéiforme créée initialement pour la transcription du sumérien, langue agglutinante, avait été adaptée à la transcription des langues sémitiques, mais ne convenait pas forcément à l'écriture d'une langue indo-européenne. C'est néanmoins assez tardivement que l'écriture cunéiforme fut utilisée, probablement après les expéditions en Mésopotamie, car le syllabaire utilisé est différent de celui utilisé auparavant dans les comptoirs assyriens et plus proche de celui utilisé à Babylone.À côté de l'écriture cunéiforme, les Hittites ont utilisé, principalement pour les inscriptions monumentales, une écriture hiéroglyphique. Les symboles de cette écriture sont appelés improprement hieroglyphes Hittites car ils ne transcrivent que rarement la langue hittite-nésique : la plupart des inscriptions monumentales sont en effet des inscriptions en louvite.Durant le troisième, second et premier millénaire avant Jésus-Christ, le parchemin restait rare et cher, tout comme le velin. Le système de notation de l'époque était une tablette, qui se présentait sous la forme d'une petite boîte remplie de terre glaise fraiche et humidifiée par une lingette posée sur la surface. Au moyen d'un petit outil, tel un stylet en métal ou une plume de roseau taillée, on inscrivait sur la surface de la tablette ce que l'on désirait noter, et que l'on pouvait conserver en la cuisant au four. Les signes cunéiformes étaient formés en tapant verticalement le stylet sur la surface de la tablette, puis en le tirant pour former un trait.Textes hittites
Se pousuivant encore de nos jours, les campagnes de recherche archéologiques ont permis de découvrir plus de 31 000 tablettes, dont la plupart ne sont que des fragments. On connait actuellement plus de 750 textes Hittites différents, de longueur très inégale, de quelques lignes à une centaine de pages en version imprimée. On estime que ces textes représentent environ 15% des textes produits, chiffre avancé d'après la lecture des tablettes fichiers d'une bibliothèque hittite.Les textes les plus anciens sont de type historique, des chroniques et des annales, dans lesquels un souverain exposait comment s'est déroulé son règne. Même si ce sont les sources principales d'information sur l'époque, il convient de les aborder sous un angle critique.Le deuxième type de textes les plus souvent retrouvés sont juridiques ; ce sont des codes de lois Hittites, qui comptent plus de 200 articles de loi dans divers domaines. Ces textes nous permettent ainsi de déterminer les fondements de la société hittite, sans avoir toutefois le moyen de confirmer leur application réelle. Il s'agirait peut-être de cas d'école destiné à exercer les juristes.Une troisième catégorie de textes retrouvés en grand nombre sont les traités internationaux, et les instructions administratives, qui étaient considérées par les Hittites comme similaires. Il s'agissait en fait d'instructions envoyées aux délégués locaux représentant le pouvoir central (gouverneurs des cités ou souverains des royaumes féodés), ou d'instructions militaires et douanières. Ces dernières, adressées aux gardes-frontières, ont ainsi permis de délimiter les frontières de l'empire hittite au cours du temps. Les traités internationaux concernent les relations avec les puissances voisines : cela nous permet de jauger l'importance de ce royaume dans toute l'Asie Mineure. On a ainsi retrouvé des échanges diplomatiques entre l'empire hittite et l'Égypte rédigés en akkadien. Ces correspondances nous montrent l'existance de relations, dans l'ensemble cordiales puisque distantes, et en particulier au XIVe siècle av. J.-C. lors de l'assassinat de Toutankhamon.La très grande majorité des 750 textes Hittites retrouvés sont religieux : une première partie d'entre eux sont de type rituel, employés dans toutes les situations, pour demander la protection d'un dieu. Ils sont relativement courts, et se décomposent en une description contextuelle du rituel et une suite d'instructions. Il existe des rituels pour tous types de situations, et leur nombre n'aurait cessé de s'accroître au cours de l'Histoire. Une deuxième partie de ces textes religieux sont de type mythologique, sous la forme de récits. Ils sont beaucoup moins développés que ceux de la Grèce antique, et décrivent le panthéon hittite dominé par le dieu de l'orage, puis une série de dieux importants chargés de l'argriculture, de la guerre, etc., et enfin les dieux locaux ou mineurs. Un troisième partie de ces textes concernent la magie, qui regroupe également la médecine, car la notion même de médecine fait appel à des pratiques magiques qui reposent sur la divination. Ces pouvoirs sont l'apanage de femmes, des sorcières dans la grande majorité louvites, chargées d'interpréter les présages. Aujourd'hui encore, on continue de trouver des documents Hittites en Anatolie.Termes utilisés
De nombreux termes sont utilisés dans les textes Hittites pour désigner le monarque. La prononciation de certains d'entre eux n'est d'ailleurs pas connue car les Hittites utilisant l'écriture cunéiforme ont parfois repris les sumérogrammes et les akkadogrammes sans les modifier pour représenter leurs propres mots.LUGAL désigne les rois de moyennes importance: les chefs des royaumes vassaux ou ceux des villes faisant partie de l'empire.LUGAL GAL, « Grand Roi », désigne le roi hittite, le roi des rois. Il désigne également les grands souverains étrangers (égyptiens, babyloniens ou parfois même achéens)labarna (pré-hittite) ou tabarna (hittite), « solaire », du dieu soleil, titre honorifique attribué aux rois.hassuUTUFonction
La royauté hittite était bien différente de certaines monarchies contemporaines, en particulier de la monarchie égyptienne: en effet, contrairement au pharaon, le roi n'était pas considéré comme un dieu de son vivant. Les terres Hittites appartenaient aux dieux, le roi était leur représentant et les gérait en leur nom. Ce n'est qu'après sa mort que le roi était divinisé, sa statue rejoignait celle de ses ancêtres. Par ailleurs, le terme utilisé pour indiquer le décès du roi signifiait également « devenir dieu ».Ainsi, en tant que représentant des dieux, investit par le dieu de l'Orage Tarhunt, c'est la fonction de grand-prêtre qui prédominait sur les autres. Ainsi, bien que commandant en chef des armées Hittites permanentes, le roi n'hésitait pas à interrompre des campagnes, même lointaines, pour tenir son rôle dans la liturgie.Outre ces deux rôles, le roi était également le chef du pouvoir judiciaire, et à ce titre recours ultime en justice, et le responsable de la diplomatie.L'assemblée
L'existence d'une assemblée est attestée par les documents hittiques. Néanmoins peu de certitudes à son encontre existent:On ne sait pas s'il y avait un ou deux types d'assemblées, en effet, les textes retrouvés utilisent deux termes pour parler de l'assemblée.On ne connaît pas la composition de ces assemblées: s'agissait-il de délégués, de nobles, de personnages influents tels des hauts-fonctionnaires, de religieux? La manière de les désigner est également inconnue.Les pouvoirs de ces assemblées est également flou: il semblerait qu'elle n'aie que rarement pris des décisions; aussi, certains historiens pensent que son rôle aurait été purement consultatif.Ses réunions étaient plus fréquentes au début de la période monarchique que sous l'Empire. Certains y ont vu un indice corroborant l'hypothèse que l'assemblée était un relicat de la culture hattie, où la monarchie aurait été élective.La société
Le monde hittite est divisé en deux: la cour, formée des membres de la famille royale, d'un certain nombre de familles aristocratiques et de membres des familles des souverains voisins, liés à l'Empire hittite par des traités, du haut-clergé ainsi que du personnel du palais, vivait en vase clos. Seule la justice royale s'appliquait à ces nantis.Le bas-peuple quant à lui est divisé entre hommes libres, serfs et esclaves:les hommes libres sont essentiellement les artisans, les marchands et les paysansles serfs sont formés par des populations déportées au gré des guerres: ces serfs, liés à la terre où ils sont établis ne pouvaient se déplacer librement. Ces déportations avaient pour but de repeupler les régions dévastées.les esclaves avaient un véritable statut juridique, ce qui est exceptionnel pour l'époque. Son maître peut le vendre ou le punir, mais les esclaves peuvent aller en justice, épouser une femme libre ou encore avoir des biens propres.Droit
Le droit hittite est mal connu, essentiellement par des recueils de lois (deux tables retrouvées à Hattusa) et pas du tout par des documents de la pratique, comme les contrats. C'est un des droits les plus évolués de l'Antiquité, et ce très tôt, dès le IIe millénaire av. J.-C. Datant du XIVe siècle av J.-C, elles sont composées par un fond coutumier archaïque, de jurisprudence et de lois royales d'époques différentes.Droit pénal
Le droit pénal cherche plus la réparation du préjudice causé (telles que la remise en état d'une plantation saccagée) que la vengeance. Les dispositions législatives mettent également l'accent sur l'amendement du fautif. De nombreuses compensations pécuniaires sont prévues. Les incapacités temporaires de travail sont prévues : le responsable remplace la victime, personnellement ou par un esclave, paie le médecin et une indemnité. Cependant, il existe des peines de mutilation, réservées aux esclaves et aux oreilles ou au nez, pour les cas de vol ou d'incendie. La peine de mort est prévue, avec un champ d'application restreint pour l'époque : rébellion contre le roi ou un de ses hauts représentants, rébellion d'un esclave, adultère de la femme, viol et sortilège d'un esclave. De plus, la peine de mort s'applique sans accompagnement de supplices. Enfin, l'individualisation de la peine est prévue (sauf cas de responsabilité collective d'une ville, disposition patriarcale archaïque), ce qui témoigne d'une atténuation de la répression judiciaire. Les compensations pécuniaires sont moins élevées si le crime est commis contre une personne du commun. Pour l'époque, le fait même de prévoir des cas ou la peine de mort est appliquée à l'esclave est une avancée, car dans tous les droits contemporains, il est un bien meuble sur lequel son maître a les mêmes droits que sur un animal ou un objet.Droit civil
La femme jouissait d'un statut privilégié dans le Proche-Orient du IIe millénaire av. J.-C. Dans la loi, le mariage se conclu par achat ou rapt. Dans le second cas, une indemnisation est prévue, et elle peut être versée à la famille ou aux parents. Le divorce est prévu, et la reine légitime gouvernait en l'absence du roi. Là encore, l'absence de documents de la pratique handicape l'analyse que l'on peut faire de ces dispositions. Enfin, non seulement le viol était reconnu, mais le violeur était puni (de mort).Traité de paix
Après la Bataille de Qadesh (-1274) qui opposa Mouwattali II à Ramses II et qui s'acheva sur un statu quo, et surtout à cause de la montée en puissance de l'Assyrie, qui inquiétait autant les Hittites que les Égyptiens, Ramsès et Hattusili III (successeur de Mouwattali) furent amenés à conclure le premier traité international connu de l'histoire. Par chance, les deux versions ont été conservées. Ce traité inclus un pacte de non-agression, un pacte d'assistance mutuelle et même des clauses mutuelles d'extraditions de réfugiés.Conseil de lecture